Evra allume Arsenal

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Posté le lundi 13 décembre 2010 à 15 h 07 min

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Patrice Evra a encore mis une boîte à Arsenal, avant le choc de la 17ème journée de Premier League entre les Red Devils et les Gunners. Propos diffamatoires et scandaleux ? Non, le latéral n’y va certes pas avec le dos de la cuillère, mais il vise juste. Analyse en filigrane.

A cette heure-ci, la tête de Patrice Evra doit être mise à prix du côté d’Arsenal. En cause ? De nouvelles déclarations du Français, tenues jeudi dernier, stigmatisant la lose récurrente des Gunners et donc la politique générale menée par le club depuis une demi-douzaine d’années. Qu’on se le dise, avant un gros match, il est de coutume de se chauffer un peu par voie de presse interposée. Mais qui n’analyse pas en profondeur les paroles de l’ancien capitaine des Bleus va finir par crier à l’acharnement. Patrice Evra n’en est effectivement pas à son coup d’essai : sa fameuse phrase (« Pendant une mi-temps, nous aurions cru voir onze hommes contre onze enfants ») sortie en zone mixte quelques minutes après la demi-finale retour de C1 2009, qui avait vu les Red Devils étriller leur adversaire du jour, en avait déjà vexé plus d’un dans le camp d’en face. Difficile pourtant de lui donner tort. Car si Wenger n’a pas cru bon de tomber dans la surenchère, bien lui en a pris, c’est parce que Patrice Evra appuie là où ça fait mal. Quand on lui a demandé de réagir, le manager d’Arsenal a refusé la polémique se contentant d’un modeste « Personnellement, je crois que quand on est un grand joueur, on respecte toujours son adversaire ». Pourtant, quand on y prête vraiment attention, difficile de déceler chez les propos du latéral mancunien un quelconque manque de respect envers le club londonien. Explications.

Revenons-en déjà aux faits : au micro de Canal Plus Sport, jeudi dernier, Evra a exprimé ses doutes sur la capacité d’Arsenal à tenir la distance, expliquant que le vrai rival de United pour le titre était Chelsea : « Arsenal aujourd’hui, c’est un centre de formation. (…) Je regarde le match, je prends du plaisir, mais est-ce que je vais gagner un titre après ? C’est ça que les gens retiennent. (…) Les gens se font endormir sur le jeu d’Arsenal. (…) Un grand club comme ça, ça fait cinq ans qu’ils ont rien gagné, pour moi, c’est la crise, c’est n’importe quoi. On peut perdre contre eux le 13, mais à l’arrivée il y a quoi ? ». Voilà. Premièrement, rappelons que Patrice Evra a prononcé ces paroles devant un média français. Le défenseur n’avait donc pas comme objectif de déstabiliser son adversaire en s’adonnant au trashtalking, souvent de rigueur chez les Anglo-Saxons. Ne pas voir dans cette interview un message du type “On va les exploser, comme d’habitude”, juste un constat.

Secundo, il reconnaît lui-même qu’Arsenal est un grand club, qu’il pratique un beau football et qu’il représente quelque chose, historiquement comme symboliquement, en Angleterre. Sauf qu’il a beau se cacher derrière une quelconque philosophie de jeu, une traversée du désert longue d’une demi-décennie, à peine sauvée par une finale de C1 en 2006, ça fait un peu tache lorsque l’on veut compter sur l’échiquier européen. Bien jouer, c’est bien, gagner, c’est mieux. Et gagner en jouant bien, c’est grosso modo ce que fait Manchester United depuis vingt ans. Cet Arsenal-là a malheureusement prouvé à maintes reprises qu’il lui manquait un truc pour le très très haut niveau. Comme du caractère lorsque les choses se corsent, en témoigne le naufrage du Camp Nou en quarts de Champions l’an passé (4-1). En bref, tant qu’Arsenal n’aura pas remporté le championnat avec la génération que tonton Wenger pouponne depuis plusieurs saisons, le club sera toujours assimilé à un centre de formation géant. Seulement, à en voir le nombre de fois où l’on a pu se dire “Cette année sera la bonne” en septembre, pour se rendre compte après les fêtes qu’il s’agissait d’un pétard mouillé, rien ne dit que ce jour arrivera dans un futur proche.

Cela dit, à quatre jours d’un choc entre Manchester et Arsenal, peu dire que les propos du Français sont malvenus, en plus d’être maladroits. Ce n’est ni la bonne semaine, ni même peut-être la bonne année pour dézinguer Arsenal. Car pour la première fois depuis un bail, Arsenal n’a pas perdu de joueur clef lors du mercato estival. Après avoir dû se séparer successivement de Vieira, Henry, Ashley Cole, Adebayor ou encore Kolo Touré, le club a su convaincre Fabregas de poursuivre l’aventure. Assimiler Arsenal à une nursery pour grands clubs est un petit peu moins évident aujourd’hui.

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